quatre transactions

 

 

1 les transactions personnelles

2 - les transactions intertextuelles

3 - les transactions expressives

4 - les transactions critiques

 

 

Une transaction est une relation entre deux ou plusieurs partenaires. Cette relation est interactive. Une transaction réussie débouche sur un accord mutuel des différents partenaires. Le résultat d'une transaction est donc toujours le résultat d'une négociation, d'une co-construction.

Pour la lecture, « l’idée de transaction permet de mettre en évidence l’idée que la signification n’est ni dans le texte, ni dans le lecteur, mais qu’elle est construite par le lecteur à partir du texte (Rosenblatt, 1978). » Citation extraite de Terwagne, S. & Vanesse, M. (2008). Le récit à l’école maternelle – Lire, jouer, raconter des histoires. Bruxelles : de Boeck, p.74 (ce sont les auteurs qui soulignent).

Pour notre part, nous considérons que la notion de transaction vaut tout autant pour les images, les documents hybrides et les documents composites.

 

N.B. : le terme de transaction permet d'insister sur l'importance du savoir en jeu lors de la relation (voir information, connaissance). 


Quatre transactions

 

1. Les transactions personnelles

Ce sont toutes les transactions qui mettent en relation des événements et des faits de la vie quotidienne de chacun avec le texte, l'image, le document hybride ou le document composite lu.

Par exemple : comment le lecteur peut-il raccrocher ce qu'il lit avec ce qu'il vit ? quels sont les éléments que partagent lecteur et texte, image, document hybride et document composite ? quels enseignements, quelles leçons, le lecteur peut-il retirer de telle ou telle lecture ? quel contrefactuel issu de la vie quotidienne est-il possible de produire à partir de ce qui est montré, décrit ? en quoi le monde représenté est-il proche ou éloigné du monde vécu ? etc.

 

2. Les transactions intertextuelles

Les transactions intertextuelles concernent toutes les transactions qui touchent à la présence explicite ou implicite d'un autre texte, image, document hybride ou document composite dans le texte, l'image, le document hybride ou le document composite lu.

Par exemple : y a-t-il des citations explicites ou implicites d'un texte, d'une image, d'un document hybride ou d'un document composite dans le texte, l'image, le document hybride ou le document composite lu ? y a-t-il des effets de parodie, d'ironie ? quels sont les références ? tout ce qui écrit ou montré est-il justifié ou cela relève-t-il du préjugé, du cliché, de l'archétype et/ou de l'opinion ? quels sont les valeurs portées par le texte, l'image, le document hybride ou le document composite lu ? etc. 

  

3. Les transactions expressives

Les transactions expressives touchent à tout ce qui donne la main au lecteur.

Représentations, projections.

Par exemple : comment jouer cette scène ? comment dessiner ce personnage, ce décor (le monde représenté) ? comment écrire la suite du texte, produire le hors-champ d'une image, ajouter un composant à un document composite, etc. ? quel contrefactuel serait bienvenu pour mieux comprendre et interpréter le texte, l'image, le document hybride ou le document composite lu ? qu'est-ce que le lecteur aurait fait à la place de … ? etc. 

Le factuel concerne les faits tels qu'ils ont été ou se sont déroulés, sont ou se déroulent, seront ou se dérouleront. Le factuel relève de l'actuel.

Le contrefactuel concerne les faits qui auraient pu être ou auraient pu se dérouler, pourraient être ou pourraient se dérouler, pourront être ou pourront se dérouler. Le contrefactuel relève du virtuel.

 

Le cas des contrefactuels :

Utiliser un contrefactuel c'est toujours peu ou prou se demander : et si... et si les faits s'étaient déroulés à une autre époque, dans un autre lieu, avec d'autres personnes ou personnages...

Utiliser un contrefactuel, c'est donc toujours modifier au moins l'un des paramètres de l'énoncé ou de la situation d'énonciation.

 Se servir de contrefactuels en lecture permet donc :

  • d'explorer ce que le texte, l'image, le document hybride ou le document composite lu recèle de potentialités, d'ouvertures,
  • de mieux comprendre le factuel (en le comparant au contrefactuel).

Reprenons tout cela à l'aide d'un exemple. Soit la phrase suivante :

Martine a pris sa voiture pour se rendre chez le médecin.

 

Le factuel recouvre l'ensemble des informations relatées dans cette phrase ou qu'il est possible d'inférer :  

- Informations explicites

une personne ou un personnage prénommé Martine / s'est rendu / chez le médecin /  en voiture.

- Informations implicites

Martine a le permis de conduire / elle a plus de 18 ans... sont des informations implicites de type présupposés, elles sont inhérentes à l'énoncé.

Martine est malade / Martine a besoin d'un certificat médical... sont des informations implicites de type sous-entendus, elles sont afférentes à l'énoncé, dépendantes de la situation d'énonciation, du contexte.

 

Tout ces informations sont actualisées par l'énoncé.

 

Proposer un contrefactuel de cette phrase consistera à en "faire bouger" le factuel, par exemple :

- et si Martine s'était rendu chez son médecin en autobus ?

- et si Martine avait pris sa voiture pour aller dîner chez son médecin ?

- et si Martine avait pris sa voiture pour se rendre chez son ostéopathe ?

- et si Martine n'avait pas le permis ?

- et si Martine avait eu un accident en se rendant chez son médecin ? etc.

 

Utiliser l'un ou l'autre de ces contrefactuels revient à actualiser, au moins en tant qu'hypothèse, une information virtuelle.

 

Proposer un contrefactuel permet donc, comme il est dit plus haut, de s'interroger sur le factuel (énoncé et situation d'énonciation), c'est-à-dire sur les informations explicites ou implicites du texte, de l'image, du document hybride ou du document composite lu : pourquoi cela, le factuel, et pas autre chose, le contrefactuel ?

 

Attention : tous les contrefactuels ne se valent pas. Seuls ont de l'intérêt ceux qui obligent le lecteur à interroger sa lecture (mise à distance du factuel, voir par exemple les transactions critiques).

 

4. Les transactions critiques

Les transactions critiques portent sur l'évaluation du texte, de l'image, du document hybride ou du document composite lu. Les transactions critiques  sont en rapport avec le système de valeurs du lecteur.

Par exemple :  est-ce que l'histoire est intéressante ? est-ce que le lecteur est d'accord avec le comportement ou les valeurs de tel ou tel personne ou personnage ? (donner son avis (et le justifier) sur l'histoire, le comportement, les valeurs de tel ou tel personne ou personnage) comment le lecteur peut-il  justifier un/son point de vue sur tout ou partie du texte, de l'image, du document hybride ou du document composite lu, etc.